Le compte rendu de cette matinée
Le diaporama de Victor Millogo
Le diaporama d’Alain Gaufreteau
VISIO CONFERENCE 21 MAI 2022 / Le compte rendu
Effets d’une intervention ciblée en production narrative
sur le développement des capacités langagières
des élèves de GS/CP.
Cette conférence est un prélude au colloque de Lyon en septembre 2022, dont le thème est « Le langage ».
Intervenants
Victor MILLOGO :
Maître de conférences à l’Université de Poitiers et INSPE de Poitiers.
– Chargé de mission à la coordination de la politique de recherche de l’INSPE de Poitiers.
– Membre du laboratoire CeRCA UMR CNRS 7295
Thèmes de recherche : relations langage écrit et langage oral chez les personnes en situation d’illettrisme, langage écrit, traitement de la coréférence en production de texte.
Alain GAUFRETEAU :
Enseignant spécialisée à dominante pédagogique
– il a travaillé en CMPP
– anciennement membre du bureau de la FNAME
Actuellement conseiller pédagogique ASH au service de l’école inclusive dans les Deux-Sèvres
Activités de recherche autour de situations de narration, dans le cadre de la prévention de l’illettrisme.
Victor MILLOGO
Langage oral, langage écrit, narration. Apports théoriques et recherche-action “Développement des habiletés langagières des élèves de CP”
Pour accompagner ce CR , le diaporama de V. MILLOGO, très détaillé, est disponible sur le site de la FNAME.
Nous reprenons dans ce compte-rendu les grandes lignes de son intervention.
En préambule, V. Millogo rappelle que la maîtrise de l’écrit est l’une des premières priorités de l’école, que la lecture et l’écriture sont des apprentissages fondamentaux et fondateurs pour la réussite scolaire, et que savoir lire et écrire est une nécessité absolue dans les sociétés modernes.
L’entrée dans l’écrit recouvre 2 domaines d’apprentissage complémentaires : la lecture (apprendre à décoder des signes écrits) et l’écriture (apprendre à encoder des informations sous forme de signes).
Ce sont des apprentissages difficiles et longs, qui provoquent aussi de nombreux échecs.
Le langage oral est le principal instrument qui va permettre l’entrée dans l’écrit, et la corrélation est forte entre capacités langagières et apprentissage de la lecture. L’oral et l’écrit sont apparentés : les énoncés écrits peuvent être parlés et les énoncés écrits peuvent être oralisés.
I/ Langage oral vs langage écrit
Plusieurs différences distinguent le langage oral du langage écrit : différences «biophysiologique», contextuelle, rythmique, normative, perceptive et différence liée à la maîtrise.
L’enfant maîtrise en général déjà le langage oral avant d’apprendre à lire et à écrire.
Mais il existe aussi des similitudes et une forte corrélation entre langage oral et langage écrit : communauté des connaissances de base (lexique, syntaxe, …), étapes de conceptualisation, planification.
II/ Langage oral, langage écrit, narration
Le développement du langage oral est un enjeu important pour la réussite scolaire et l’intégration sociale.
Les compétences narratives sont essentielles et les liens sont importants entre capacités narratives orales et acquisition du langage écrit.
III/ Développement narratif : quel(s) intérêt(s) ?
Le développement des compétences narratives orales est un des pré-requis de l’entrée dans la langue écrite, il existe un pont entre le langage oral et l’alphabétisation.
IV/ Conséquences des difficultés précoces de langage ?
Les difficultés précoces de langage présentent un risque élevé d’échec dans les apprentissages scolaires (notamment en lecture, écriture, maths, …) et peuvent perdurer l’adolescence, avec un risque élevé d’illettrisme et des conséquences sociales importantes.
La question est donc : Comment remédier aux difficultés de langage des jeunes élèves repérés comme ayant de faibles compétences langagières ?
Plusieurs pistes sont envisageables, dont l’exemple présenté ci-après.
Exemple : Programme d’intervention : Quelle(s) efficacité(s)?
Dans le diaporama, V. Millogo développe l’intérêt des programmes d’intervention, les critères de mise en œuvre, ainsi que les objectifs de l’étude : « Évaluer l’impact d’une intervention narrative ciblée sur le développement des capacités langagières de jeunes élèves de CP » et la méthodologie (participants, matériel et procédure, différentes phases de l’intervention, recueil et codage des données)
Il présente ensuite les résultats de ce programme sous la forme de graphiques reprenant les données des groupes témoin et expérimental, selon divers critères, en comparant les données avant la mise en place de l’activité et à l’issue de celle-ci :
- Caractéristiques linguistiques formelles : nombre de propositions produites, nombre de mots-types et catégories lexicales, utilisation de noms propres, de verbes de déterminants, de pronoms personnels, …
- Caractéristiques discursives : schéma canonique de la narration (cadre de l’histoire, évènement de l’histoire, tentative de résolution, conséquences, résolution), cohésion référentielle
- Expressions évaluatives (expression des émotions)
Conclusion et limites
Les résultats montrent, sur la grande majorité des indicateurs retenus, des performances nettement supérieures pour le groupe expérimental, en comparaison avec le groupe témoin. Ils montrent aussi une progression importante entre l’évaluation initiale et l’évaluation finale.
En conclusion, l’intervention auprès d’élèves de CP produit des effets bénéfiques sur développement des compétences langagières.
Quelles limites ?
Quelques limites méthodologiques : pas d’uniformisation de la taille des groupes, quelques disparités dans les modalités d’intervention des enseignants spécialisés, travail de codage lourd et fastidieux pour le recueil des données.
Poursuite du travail : nouvelles pistes ?
Améliorer les différents aspects de la méthodologie (taille des groupes, nombre idéal de séances…)
Remerciements à l’équipe d’enseignants ayant participé au projet
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Alain GAUFRETEAU
Recherche-action formation
Habiletés narratives et prévention de l’illettrisme : Atelier Narr’actif GS-CP
Pour accompagner ce CR , le diaporama de A. Gaufreteau, très détaillé, est disponible sur le site de la FNAME. Il est accompagné de différentes annexes
Nous reprenons dans ce compte-rendu les grandes lignes de son intervention.
Après la présentation du cadre théorique de la recherche-action, Alain Gaufreteau détaille plus précisément la mise en œuvre des ateliers de prévention. Ces ateliers sont utilisables par l’ES-ADP et aussi par les enseignants en CP, mais il est important d’être sur des petits groupes de 6 élèves maximum.
Objectifs
- A court terme : Mesurer l’incidence de la prévention autour de la narration sur le développement de compétences discursives de haut niveau
- A plus long terme : Repérer s’il y a un impact sur certaines fonctions exécutives et sur la compréhension de l’écrit (évaluation en fin de CE1)
Ce travail s’inscrit aussi dans le cadre d’un continuum de formation du CAPPEI.
Cette recherche-action s’adresse aux enseignants spécialisés RASED pédagogique et aux enseignants de CP. Elle permet de tisser des liens avec la recherche et de construire un outil de prévention autour de la narration.
Cadre théorique : forte corrélation et relation de causalité réciproque entre les capacités linguistiques générales et les compétences narratives.
Méthodologie
On a choisi une méthode sous la forme “intervention conversation”.
- Constitution d’un groupe expérimental e d’un groupe témoin
- Intervention auprès du groupe expérimental 2 fois par semaine, sur 14 séances, en début de CP
- Évaluations initiale et finale sur les mêmes supports
Lors de la première séance sur l’album, aucune intervention de l’enseignant.
Séance 2 : guidée par des questions-type.
Les différents documents en annexes illustrent les outils et étapes de la mise en œuvre de l’expérimentation.
Protocole de recherche (cf annexe 1)
Support de l’évaluation du récit
Choix des albums pour la prévention et progression : tableau d’analyse de différents albums sans texte, afin de sélectionner ceux qui répondaient au mieux aux objectifs. (Voir annexe 2)
Construction d’une grille d’observation de séance (cf annexe 3), et d’une grille d’observation par album (cf annexe 4)
Vidéo (cf annexe 7) : une collègue de CP présente aux élèves La grosse graine en séance 2une collègue de CP présente aux élèves La grosse graine en séance 2 (annexe 5). Les questions préparées (voir annexe 6), sont posées par l’enseignante, face à un groupe de 7 enfants, en classe.
Expérimentation :
Alain Gaufreteau développe les 4 phases de l’expérimentation : nombre d’élèves participants, adultes impliqués, modalités, évaluations …
Suite à cette expérimentation :
- Obtention du prix national “Chercheurs en actes” 2021, dans la catégorie “Evaluation et intervention pédagogique »
- Collaboration d’une ingénieure d’étude, pour traiter toutes les données
- Création d’albums supports originaux en cours, grâce à la dotation obtenue avec le prix (Présentation à l’écran du prototype de support)
Perspectives :
- Elargir l’expérimentation à l’ensemble de l’Académie (pour l’instant, seulement dans le 79
- Constituer une mallette, si possible avant la fin de l’année scolaire prochaine, avec au départ, 5 albums originaux
- Avoir un outil validé par la recherche et facilement utilisable par les collègues
- Publier un article scientifique
QUESTIONS des participants
- Demande de précision sur la notion de discours « connecté »
Il s’agit de produire un discours planifié, et non une juxtaposition de phrases image par image, de relier les images les unes aux autres dans une cohérence contextuelle.
- Y a-t-il un suivi des cohortes dans le temps, pour voir les effets à long terme ?
Il était prévu de suivre de la GS au CM2, mais trop lourd à mettre en œuvre.
- Est-ce qu’il y avait des élèves allophones ?
Non, pour ne pas fausser les résultats. On a aussi écarté des élèves en trop grande difficulté de langage
- Et les élèves mutiques ?
Si ce sont des problématiques lourdes, cela n’entre pas dans ce cadre de prévention.
- Quels sont les retours des collègues ?
Les retours des collègues sur les ressentis des élèves sont globalement positifs : les élèves osent participer, prennent plus la parole, sont plus à l’aise. Les enseignants se rendent compte qu’ils écoutent mieux les élèves, ils prennent le temps, et quelles que soient les disciplines. La première séance est compliquée du point de vue des gestes professionnels, notamment avec la contrainte de ne pas intervenir et ne pas revenir
- Est-ce une autre entrée que Narramus ?
Pas de remise en cause, Narramus travaille sur les aspects structuraux. La grande différence est la méthode interventionnelle, dans Narramus on est dans de la modélisation, on raconte et on fait vivre l’histoire.
Les ateliers Narr’actif proposent des images sans texte et on laisse les élèves s’exprimer, et seulement après on questionne sans apporter nous-mêmes de réponses. On est sur la production spontanée des élèves et pas du tout sur la modélisation.
C’est un outil de prévention sur une période de début CP. Une prévention qu’on peut dire massée, complémentaire aux autres démarches d’enseignement. 2 séances seulement sur le même album, avec un travail important sur les aspects discursifs, notamment lors de la deuxième séance, par les questions posées.
- Un lien avec les travaux de Pierre Péroz ?
Assez proches, mais Pierre Péroz part d’un récit entendu, et donc avec une part importante d’imprégnation (structures syntaxiques, lexique, …)
Les ateliers Narr’actif ne visent pas à remplacer d’autres outils déjà existants. Ils sont plutôt envisagés comme un complément, un outil de prévention, une aide à construire la causalité, la temporalité du récit.
- Quels sont les liens avec les familles ?
Les familles sont informées de la recherche-action, et peuvent éventuellement refuser, mais pour l’instant, pas plus d’implication des familles, il s’agit d’ateliers à l’école (pas de voyage des albums à la maison, …)
Conclusion de la matinée
Nathalie Bajolle remercie les intervenants et donne rendez-vous à tout le monde au colloque de Lyon en septembre.
Elle rappelle que toutes les informations et les documents seront mis sur le site de la Fname.
Les adresses courriel des intervenants sont disponibles à la fin de leurs diaporamas, si on veut leur poser des questions.
Il est possible aussi de candidater dans l’académie de Poitiers si des personnes sont intéressées pour participer à la mise en œuvre de ces ateliers.