» L’apprentissage du langage oral dans ses interactions entre école et famille :
quelles ressources pour la formation et pour l’action ? «
Catherine Hurtig-Delattre
Chargée d’études au centre Alain Savary, pôle formation, Institut Français de l’Education, ENS de Lyon
Contenu de la conférence :
Depuis 2015, les programmes pour l’école maternelle ont réaffirmé la place centrale du langage dans les apprentissages. L’objectif est d’ouvrir pour tous les enfants les portes de la culture orale et écrite, en intégrant la multiplicité et la complexité des fonctions du langage :
– fonction de communication et d’expression : parler pour s’adresser à autrui
– fonction cognitive : parler pour construire sa pensée
– fonction méta-cognitive : connaitre le fonctionnement linguistique et socio-linguistique.
Or l’enfant qui arrive à l’école n’est pas un « débutant » en langage oral. Comme le rappelle l’introduction du programme de 2015 : « L’enfant, quelle que soit sa langue maternelle, dès sa toute petite enfance et au cours d’un long processus, acquiert spontanément le langage grâce à ses interactions avec les adultes de son entourage »
Regardons de plus près cette phrase de l’introduction des programmes :
« quelle que soit sa langue maternelle » : où l’on entend que le processus cité n’est pas l’apanage des enfants francophones ou de milieu favorisé ;
« au cours d’un long processus » : où l’on désigne les trois premières étapes d’acquisition du langage : pré-linguistique (acquisition des sons de la langue), holophrastique (constitution d’une collection de mots), syntaxique (capacité à construire des phrases) ;
« spontanément » : où l’on rappelle qu’il ne s’agit pas d’un apprentissage structuré relevant de situations didactiques, mais qu’il s’agit pourtant bien de réelles compétences à prendre en compte ;
« grâce aux interactions » : où l’on précise qu’il ne s’agit pas d’un apprentissage solitaire mais d’acquisitions qui requièrent un contexte relationnel propice ;
« les adultes de son entourage » : où l’on indique qu’ il ne s’agit pas seulement des parents de l’enfant. Les professionnels de la petite enfance, le voisinage ou la famille élargie, sont concernés aussi.
À partir de son entrée à l’école maternelle, l’enfant-élève poursuit donc l’apprentissage du langage oral à l’école et hors l’école, dans une complémentarité qui est à construire et encourager. Le « hors l’école » désigne principalement le milieu familial, mais aussi les temps péri et extra-scolaires. La « coéducation langagière » désigne ce processus de co-construction. Elle est activée par l’enseignant, dans le but de construire une estime réciproque entre les adultes coéducateurs, dont l’enfant est le premier bénéficiaire.
Cette conférence s’attachera à examiner ces processus d’acquisition : en milieu francophone, allophone ou plurilingue. Elle proposera des pistes pour que l’apprentissage en milieu scolaire soit sujet à une co-construction avec l’apprentissage en milieu familial, pré-scolaire et extra-scolaire, dans une démarche « d’hospitalité langagière ».
Elle examinera également différentes propositions pour faciliter la compréhension par les parents des objectifs spécifiques de l’école en matière de langage et pour stimuler de manière appropriée les enfants/élèves « petits parleurs », en fonction de leurs caractéristiques. Elle proposera enfin des outils à utiliser en formation afin de sensibiliser les professionnels à cette démarche.
Bibliographie, sitographie
– Bruner J., Comment les enfants apprennent à parler, Retz, 1987
– Cabrejo-Parra E., Petite enfance et construction de la langue orale, in Territoires d’éveil n°10, 2017
– Florin, A. Comment les enfants apprennent à parler et comment les y aider dans la famille et à l’école.
Rennes, P.U.R. 2014
– Rivière V. et Blanc N. Observer la multimodalité en situations éducatives : circulations entre recherche et formation. Lyon, ENS , 2019.