Les RASED obtiennent du ministère une confirmation de leurs missions

Article publié avec l’aimable autorisation de Pascal BOUCHARD (©Tout’Educ).

Paru dans Scolaire le lundi 13 février 2023.

« Le ministère n’a pas en tête une destruction des RASED. » Les réseaux d’aide spécialisés aux élèves en difficulté doivent poursuivre leurs missions, mais une réflexion sur les rôles spécifiques des enseignants spécialisés ADP et ADR (aides à « dominante pédagogique“ ou ”relationnelle », précédemment maîtres E et G, ndlr) doit être engagée. Ce sont les réponses que le collectif des RASED a obtenues à l’issue d’une audience au ministère le 18 janvier, et dont il vient de publier un compte-rendu.

Il fait valoir que les enseignants spécialisés et les psychologues des RASED ont de nombreux sujets d’inquiétude et d’interrogation, mais que leurs demandes d’audience sont « restées sans réponses ces trois dernières années ». Or leur environnement a changé avec la baisse « du nombre de places disponibles en CMPP, CMPE, SESSAD, IME, ITEP, etc. », tandis que le nombre d’enfants en situation de handicap inclus en classe ordinaire a vu leur nombre augmenter.

Handicap et grande difficulté scolaire confondus

Le collectif décrit un cercle vicieux : des enseignants « désemparés et isolés », « accaparés par l’explosion du nombre d’élèves ‘inclus’ présentant des conduites instables, voire ingérables » et n’ayant plus le temps de s’occuper des élèves non porteurs de handicap mais néanmoins en difficulté. Dans le même temps, les grandes difficultés scolaires “se transforment en trouble ou en handicap” et cette « médicalisation de la difficulté » conduit à « une explosion des demandes auprès de la MDPH ». De leur côté, les effectifs des enseignants spécialisés ont connu une « baisse considérable », 30 % en 20 ans pour les ADP et de 59 % pour les ADR. Or l’absence d’aide du RASED dès le plus jeune âge, en maternelle, débouche « sur un accroissement des difficultés et des troubles qui ne seront pris en charge que moyennant une externalisation des aides et des soins ».

Il décrit aussi des réseaux “incomplets” (un RASED comprend normalement au moins un enseignant spécialisé ADP, un enseignant spécialisé ADR et un psychologue, ndlr), et un « glissement progressif des postes spécialisés des RASED vers des personnels ressources », « formés essentiellement à l’aide indirecte auprès des enseignants mais de moins en moins à l’aide directe auprès des élèves » (voir note*). Il dénonce des disparités énormes entre départements ou entre circonscriptions en termes de personnels, mais aussi d’interprétation par les inspecteurs, DASEN ou IEN de la circulaire de 2014 qui devait pourtant donner un cadre national à leur fonctionnement.

Augmenter le temps de formation sans nuire à l’attractivité des postes en RASED

Le collectif fait aussi remonter les difficultés dues à la réforme des formations avec la mise en place en février 2017 du CAPPEI (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) qui a provoqué une baisse d’un quart de la durée de la formation. Il demande au ministère de « faire confiance aux professionnels des RASED pour adapter leurs pratiques aux besoins de l’école inclusive », par des aides directes aux élèves, « en individuel et en groupe, dans et hors la classe » et par des aides aux enseignants. Il lui demande aussi de « recréer un nombre important de postes pour revenir a minima aux effectifs d’enseignants spécialisés d’avant 2008, de “renforcer et promouvoir des RASED complets”, d’augmenter la durée de la formation au CAPPEI.

L’entourage du ministre ne s’est pas engagé sur la création de postes, il fait remarquer que dans certains territoires,  » des personnels sont formés mais n’occupent pas les postes ». Il ne compte pas revenir sur la durée de la formation pour éviter « un problème d’attractivité ». Toujours selon le compte-rendu publié par le collectif, le ministère fait en effet valoir que « le CAPPEI est désormais accessible par la VAE, ce qui permet de reconnaître les compétences de certains professeurs. Il rappelle que « le RASED n’intervient pas dans la champ du handicap mais bien dans celui de la grande difficulté scolaire ».

La délégation comprenait les représentants de l’AFPEN (psychologues Éducation nationale), de la FNAME (maîtres E) et de la FNAREN (maîtres G) accompagnés des représentants de l’AGSAS (soutien au soutien) et des syndicats (SNUIPP-FSU, SE-UNSA, SGEN-CFT, CGT Educ’action).

* Ces personnels sortis des Rased sont membres des EMAS (équipes mobiles d’appui à la scolarisation) ou des DAEP (dispositif d’accompagnement e?ducatif de proximite?).

le compte rendu de l’audience du collectif RASED au Ministère en date du 18/01/2023

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