Communiqué FNAME – FNO du 10 février 2014
Langage, maître E et orthophoniste
Une collaboration entre les secteurs pédagogique et sanitaire pour réduire les difficultés langagières pouvant générer des difficultés d’apprentissage.
Dès sa naissance, l’être humain est en quête de communication. Cette appétence va se développer tout au long de sa vie. La capacité de communication va lui donner la possibilité de se construire, de construire sa vision du monde. Elle va lui permettre de s’intégrer, au niveau scolaire comme au niveau social. Plus tard, elle lui facilitera l’entrée dans le monde du travail et, ainsi, contribuera à sa dignité et à la construction de sa citoyenneté.
Dès sa naissance, l’être humain va utiliser des modes de communication variés : des postures, des gestes, des mimiques, des sons puis des mots, des phrases…Tout au long de sa vie, il va développer chaque mode de communication en fonction de sa personnalité.
Ce besoin de communiquer, cette envie de communiquer, ce plaisir de communiquer, cette capacité à communiquer en font un être social. Privé de communication, l’être humain devient vulnérable, il perd de son autonomie.
Le développement du langage comme outil de communication est fondamental dans le développement global de l’enfant. L’acquisition du langage requiert des interactions avec les adultes qui entourent l’enfant, dès sa naissance, au plus près de la zone proximale de développement[1]. Prévenir les troubles du langage est essentiel : informer, repérer, dépister et traiter les troubles du langage sont des missions inscrites dans le décret de compétences des orthophonistes.
A l’école, le langage s’introduit au cœur même des enseignements et nous savons tous son intérêt dans le développement cognitif et psychoaffectif de l’enfant. Certains élèves rencontrent des difficultés langagières dans leur parcours scolaire et peuvent être aidés au sein de l’école à la fois par les enseignants des classes et par les équipes des RASED.[2]
La formation du maître E, enseignant spécialisé dans l’analyse des besoins de l’enfant sur le registre des apprentissages, le conduit à prendre fréquemment en charge l’enfant rencontrant des difficultés dans le domaine du langage. Après évaluation et observation fine de ce qui fait obstacle à ses apprentissages, le maître E propose une aide spécialisée au sein de l’école, en collaboration avec l’enseignant de la classe et en partenariat avec les parents.
Pour aider l’élève, le travail du maître E s’appuie sur les interactions entre enfants et adultes de l’école et sur des situations de communication socialisantes. Le maître E n’est pas formé pour répondre à une prise en charge de tous les versants de la difficulté langagière.
Pour certains enfants, le maître E peut évoquer avec les parents un besoin de conseils auprès des professionnels de santé que sont les orthophonistes. Ceux-ci disposent, de par leur formation, des compétences qui leur permettent de différencier les difficultés liées à un retard important du langage et/ou de la parole des troubles spécifiques nécessitant une intervention appropriée au travers d’un parcours de soin spécifique.
Lorsqu’un diagnostic de troubles du langage a été établi, le maître E peut, avec l’accord des parents, se mettre en relation avec l’orthophoniste. Maître E et orthophoniste pourront articuler l’accompagnement spécialisé du premier aux soins prodigués par le second pour s’ajuster au plus près des besoins de l’enfant. Le maître E pourra également collaborer avec le maître de la classe pour mettre en place des aménagements pédagogiques adaptés.
Si chacun des acteurs, maître spécialisé et orthophoniste, a un travail à mener au niveau du langage, chacun agit dans le cadre des ses missions spécifiques. Le travail des enseignants spécialisés s’appuie sur les registres de la démarche pédagogique adaptée, celui des orthophonistes sur celui du soin. Ils sont donc sur deux champs différents, celui de l’école et celui de la santé, avec un objectif commun : l’aide aux enfants rencontrant des difficultés langagières pouvant générer des difficultés d’apprentissage.
Une communication étroite avec les parents, une connaissance précise des missions de chacun des professionnels, permet un travail en réseau pour une cohérence du projet global. La collaboration maître E – orthophoniste autour de cette intention partagée de réussite de l’élève permet un accompagnement de l’enfant et sa famille et une bonne compréhension des aides et soins apportés.
[1] Zone proximale de développement : concept proposé par Lev Vigotsky pour nommer ce que l’enfant ne peut apprendre seul mais uniquement avec l’aide d’une personne plus experte
[2] Réseau d’aides spécialisées pour les élèves en difficulté