A J-1 de la PREMIÈRE de Loup y es-tu ? prochainement au cinéma, j’ai la joie de vous le partager ici.
« Ce film est une véritable réussite. Nous sommes d’entrée de jeu propulsés dans le monde sensoriel de l’enfance et du jeu, entrainés parmi les jouets et les animations, bousculés par les danses colorées et chatoyantes du rêve et des rires, subjugués par les scènes de théâtre des existences humaines, de leurs passions et de leurs angoisses. Nous sommes chahutés par le chaos des complicités comme des bouderies crispées de l’adolescence, par les vagues de tendresse impertinente des enfants requérant la présence authentique des adultes qu’ils aiment, jusque, parfois, la tragédie. Sans oublier les tableaux des couples parentaux, magnifiquement empêtrés dans leurs doutes, leurs incertitudes, et cette volonté de bien faire qui n’empêche pas d’aimer. Authentique, vif, chaleureux, ce film nous conduit jusqu’aux rivages des rythmes et des couleurs originaires, exigeant de ses spectateurs la nécessité d’être là. Nous voyageons dans les salles d’attente, les bureaux des soignants, au milieu des solitudes et des colloques, des réunions de travail des psy aussi, nous sommes là, dans le partage et l’empathie.
Clara Bouffartigue prend soin de nous comme elle restitue le soin aux enfants et des enfants. Tout le monde prend soin dans ce film, quelle que soit sa place et sa fonction. Clara Bouffartigue prend soin par le cinéma, par la sensorialité des images et la chair des mots, elle se fait syntaxe, vecteur d’un texte écrit par tous ceux qui fréquentent ce Centre médico-psychopédagogique, le Centre Claude Bernard à Paris. Elle évite le surplomb de ces films à thèse, ces « navets » qui réifient les « acteurs » comme des marchandises ou les dégradent comme des maladroits incompétents. Elle prend soin des psy et des parents, elle les rend sympathiques, humains et vulnérables comme les vrais artistes quand ils sont traversés par la vie, ses bonheurs simples, ses désespoirs et ses angoisses, mis en musique par les rires, les danses, les jeux, les théâtres du quotidien. Là une mère et sa fille font la « paire » des éclats de leurs rires et de leur complicité. Là un adolescent est porté au-delà des brumes de la dépression vers le rayon de soleil des complicités de groupe. Là encore, on admire la pudeur des soignants qui mettent en « contes » et en histoires le vif des relations accomplies avec ceux qu’ils soignent et avec lesquels ils se soignent. On joue, on joue avec les concepts et les affects, sans cette arrogance pesante et ridicule des « sachants ». Ici, on joue, on rêve, on imagine, bref on fait du bruit qui devient parole, à distance des dogmes stériles et mortifères, à distance aussi des impostures scientistes qui réduisent l’âme humaine à des « troubles neuro-développementaux » et autres fadaises.
Non, dans ce film tout est jouet, poupées, couleurs, chaleur, parole en train de prendre forme. Je pense à Goethe : « le plus élevé dans l’homme est sans forme, et l’on peut se garder de la former autrement que dans l’acte noble ». C’est vrai qu’il y a de la noblesse dans le soin de l’« attention » portée à soi-même et à autrui, cette « prière de l’âme » dont parlait Simone Veil. Pas de camelote ici avec des grilles et des items, des chiffres et des êtres dont ils justifieraient le désœuvrement, l’abandon de la relation.
J’adore dans le montage du film l’hybridation où se mêlent la fiction, le documentaire et le film d’animation. Empathique et authentique ce film montre ce qu’il raconte : le jeu est une chose sérieuse que les esprits chagrins confondent avec l’inutile et dont ils ne se rendent pas compte qu’inutile, la fiction appartient au registre de l’essentiel. C’est ce rendu du geste de l’enfant qui produit cet effet dont parlait Walter Benjamin, « effet vraiment révolutionnaire, c’est le signal secret de la réalité à venir qui parle depuis le geste de l’enfant. »
Roland Gori, Marseille le 6 mai 2023
10 mai 2023 – Pessac
Hier soir à 20 h, le loup a fait ses premiers pas, c’était au très réputé Cinéma Jean Eustache à Pessac en Nouvelle Aquitaine. J’étais accueillie par François Aymé en personne, son fondateur et directeur et accompagnée de Claire Ballongue et Dominique Pendelliau, psychologues cliniciens de l’Association CMPP Avenir en Nouvelle Aquitaine. Vous étiez très nombreux, nous étions tous émus.
Nous avons joué en Fellini, la grande salle ! Cette même salle où le CMPP de Pessac a fêté ses 50 ans il y a quelques années, avant de fermer ses portes, premier touché par la réforme initiée en 2019 en Nouvelle Aquitaine. Ce jour-là, parmi ses invités, se trouvait Serge Boimare, alors Directeur du Centre Claude Bernard où j’ai tourné … Quelle synchronicité !
Nous tenions à cette PREMIÈRE du loup en Nouvelle Aquitaine : hier, le projecteur a éclairé Pessac comme lieu symbolique d’une vigilance à tenir ! Ce qui se passe ici sont des signes à considérer. Hier, par notre engagement à tous, avec le soutien de nos partenaires, tous les regards étaient tournés vers la Nouvelle Aquitaine. Les pensées de l’équipe du loup et du Centre Claude Bernard brillaient dans le ciel comme celles de toutes celles et ceux pour qui le soin psychique mérite un débat public dont on ne saurait se laisser déposséder au profit de guerres de chapelles politisées.
?Ici même, le temps du film, par la magie du cinéma, a ramené à la vie la noblesse du travail des soignants et des patients. Il a donné à éprouver cette approche du soin psychique très humaine et tellement fragilisée de nos jours.
Nos échanges ont duré plus d’une heure. Nous avons parlé de cinéma, de soin, de politique, les trois en un. Par le loup, tout est lié.
Dans le public, la parole d’une mère s’est distinguée. Elle, elle ne travaille pas auprès des enfants, elle est venue parce que le sujet du film la touche. Elle témoigne. Elle habite Pessac, son fils a 22 ans aujourd’hui. Lorsqu’il en avait 4 ans, il souffrait énormément. Elle l’a amené au CMPP de Pessac. Elle n’a jamais bien compris ce qu’il y faisait, mais elle sait que s’il est là aujourd’hui c’est grâce à eux. Elle remercie les soignants du CMPP de Pessac, les cherche dans la salle pensant qu’ils ont changé ou qu’il n’y en a plus ?
CUT AU NOIR. Reste à écrire la suite.




11 mai 23 / Message Facebook Sylvie M.